Autoportrait de Rembrandt, 1640

 

Le marchand espagnol Alfonso Lopez demeurait à Amsterdam où il était agent de change et faisait le commerce de diamants. Il était également chargé de mission pour le roi de France, Louis XIII.

Son immense fortune lui permettait de constituer une grande collection d’art italien. Il était donc présent le 9 avril 1639 à la vente de la collection de tableaux italiens du marchand d’art, Lucas van Uffelen, où il acheta le portrait de Baldassare Castiglione de Raffaello Sanzio (Raphaël) pour le compte du Cardinal Mazarin : (1)

 

Le peintre hollandais Rembrandt van Rijn assista lui aussi à cette vente : il fit une esquisse du portrait et nota dans la marge que Lopez en avait fait l’acquisition pour la somme de 3500 florins :

 

Il est possible que Rembrandt ait vu un autre tableau de la collection de Lopez : « l’homme à la manche bleue » de Tiziano Vecelli (Titien) : (2)

Rembrandt réalisa la même année une estampe à l’eau-forte et pointe sèche (20,5X16,4 cm.) : (3)

  C’est un autoportrait le représentant appuyé sur un rebord de pierre, dans le sens inverse de celui du modèle de Titien, et au lieu de nous regarder du coin de l’œil comme chez Titien, il nous regarde droit dans les yeux. Il s’écarte aussi du modèle de Raphaël, car son corps est presque entièrement de profil et son visage de face. 

L’autoportrait que Rembrandt van Rijn réalisa à l’huile l’année suivante, 1640, à l’âge de 34 ans, est également une synthèse de deux tableaux :

 

Le bleu de la manche de l’homme peint par Tiziano Vecelli (Titien) ne convenait pas à la palette de Rembrandt. Mais l’attitude est là : le modèle se tient accoudé à un parapet sur lequel retombe un pli de la manche. Le chapeau, les tons du costume, sont plutôt inspirés du portrait de Castiglione de Raffaello Sanzio (Raphaël).

Rembrandt van Rijn jouissait à l’époque d’un prestige considérable. Il était un maître recherché, un portraitiste estimé et l’ami de plusieurs hautes personnalités d’Amsterdam.

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(1) Le tableau est aujourd’hui au Louvre.

(2) Actuellement à la National Gallery de Londres.

(3) L‘estampe est à la Bibliothèque Nationale de France, Invent/29172 .

 

Cf. : Annemarie Vels Heijn, Rembrandt, Knorr & Hirth Verlag 1973.      

        http://expositions.bnf.fr/rembrandt/grand/019.htm.